Voilà l'été, voilà l'été de Rose : Maintenant comme avant de Juliette Arnaud


Sud de la France. Rose, du haut de ses dix-huit ans, a la langue aussi pointue qu'une Zazie dans le métro, une répartie à toute épreuve. Avec Moïse, son meilleur ami, elle vadrouille, papote, se confie. Il est l'adolescent aux hormones qui gigotent car "j'aime autant vous dire que Moïse, des poussées sexuelles, il en a plus souvent que des visions sur la fission de l'atome". Il y a Gros, le chien lourd et baveux, bonne patte, qui accompagne ces deux-là et pour lequel Rose a une tendresse particulière. Le gros loulou à la langue qui pend.

La vie de Rose suit son cours. Elle a un objectif cet été : perdre sa virginité. Une obsession mystérieuse de l'adolescence. Elle pourrait dire à Moïse et ses envies de venir l'aider à se débarrasser de ça mais c'est Bruno, le meilleur copain de son père, qu'elle lorgne. Ami qui accompagne Emiliano, le père donc, dans sa beuverie annuelle pour noyer son désespoir et cela ne fonctionne pas vraiment. Depuis le départ de la mère de Rose, c'est un homme seul dans sa tête, entouré de ses chats, qui vit avec sa mère et sa fille. La grand-mère, ce sacré numéro, qui tente de faire la morale à sa petite-fille, lui donner quelques leçons (maladroites) de vie. Rose, lors d'un repas chez les parents de Moïse, pense que sa grand-mère "[l']aurait félicitée : on grossit moins quand on mastique longtemps. On ressemble certes à une vache mais à une vache mince".
Ils sont touchants et agaçants ces personnages. Ils vivent, ressentent, se dévoilent ou se ferment. Un point commun va les unir. Le retour de Manette, la mère fugueuse de Rose, va secouer leur petit monde.


Un petit tremblement de terre cette arrivée. Rose ne veut pas de cette femme dans sa vie. Et puis ce prénom, Marie-Antoinette, la honte quand même, il y a au moins une justice. Pourtant, elle ne peut s'empêcher de l'observer, de fouiner dans ses affaires, découvrir à quoi ressemble celle qui lui a donné la vie. Son corps, son odeur. Elle se compare, la jalouse, la déteste. Son père est un traître, il a ouvert la porte. Il l'a laissée entrer de nouveau dans sa vie, il accepte sa présence. Des liens sont renoués, une histoire d'amour reprend son envol.

Se sentant abandonnée, Rose préfère se réfugier auprès de Moïse. Tout lui raconter mais il y a trop d'incompréhension, ils ne partagent pas cette colère. Et toujours cette histoire avec Bruno sur laquelle elle désire avancer et décidément c'est un peu compliqué.


A lire cul-sec. Pour se sentir enivré par l'histoire de Rose. D'un coup d'un seul pour être bousculée par ses mots, leur impertinence, leur justesse. D'une traite car le temps d'un été, sous la chaleur, le corps moite, une évanescence.

Maintenant comme avant a un rythme, c'est un roman où la langue ne s'arrête pas, elle est vive et colorée, joyeuse et émouvante. J'ai dû retenir la mienne pour ne pas révéler certains moments qui m'ont particulièrement touchée ou amusée et pourtant cela me chatouillait. Rires et pleurs ont accompagné ma lecture. Juliette Arnaud soulève le tabou de la mère qui préfère abandonner les siens pour vivre une autre vie, plus enthousiasmante. Laissez-vous emporter par Rose et son été au parfum de fin de l'innocence à la sauce Juliette Arnaud.


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